Les victimes de violences sexuelles dans l'Église continuent encore de se faire connaître mais l'une des commissions chargée des réparations, déjà saisie par plus de 800 personnes, a lancé un travail d'analyse pour mieux prévenir ce type de violences à l'avenir.
La Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les victimes de violences sexuelles dans des congrégations catholiques, a indiqué lundi avoir été saisie par "plus de 800 personnes", ce qui a donné lieu à "313 recommandations de réparation" pour un montant de "11,1 millions d'euros s'agissant des réparations financières".
"Ce sont 800 vies prises en compte et restaurées, mais c'est bien peu" par rapport au nombre probable de victimes, a affirmé à l'AFP Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
"Comment faire pour toucher celles et ceux qui manquent ?" s'est-elle entourée. La CRR reçoit de plus en plus de victimes majeures "dites vulnérables", qui représentent aujourd'hui 19% du total des victimes accompagnées.
L'instance travaille par ailleurs à la rédaction de trois rapports afin de "participer à la prévention et à la lutte contre les abus sexuels dans l'Eglise" voire "plus largement à la lutte contre les violences sexuelles", at-elle précisé dans un communiqué.
Le premier rapport, sous la houlette d'une sociologue, se penchera sur le vécu des victimes, le deuxième sur la justice restaurative et le troisième sur la particularité des violences sexuelles commises par des religieux.
L'autre commission née après le rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église catholique depuis 1950, l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), a-elle reçu 1.313 demandes au 25 octobre. La CRR a été créée en 2021 par la Corref qui ouvre mardi à Lourdes son assemblée générale.
Lors de cette réunion qui se tiendra jusqu'à samedi, une "charte des droits des religieuses et des religieux" sera soumise au vote.
"Il ne s'agit pas d'inventer des droits mais de compiler dans un même document ce qui existe en droit français, européen, canonique..." explique Véronique Margron. Car "certaines peuvent sinon les ignorer, du moins penser que ce n'est pas si important", ou qu'"au nom de la vie religieuse, on peut s'en dédouaner".
Seront également votées les recommandations de cinq groupes de travail qui ont planché depuis 2021 sur divers thèmes de la vie religieuse : gouvernance, traitement et accueil des plaintes pour agressions sexuelles, vocation, formation...
Les quelque 300 responsables de la Corref représentent environ 30.000 moines, moniales, frères et sœurs de l'Église (soit 450 instituts ou congrégations). De son côté la Conférence des évêques de France (CEF) a souligné lundi sa "détermination à poursuivre la lutte contre les violences sexuelles commises dans un cadre ecclésial".
Alors que la Ciivise (commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) vient de remettre son rapport, la CEF a affirmé dans un communiqué "sa mobilisation" pour "une prise de conscience toujours plus grande de ce fait de société majeur, notamment au sein des familles chrétiennes".
La Rédaction (avec AFP)